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PCrim Dt 00-4 Informations levées par la grand bailli de Rinck et le lieutenant de Verger: dépositions de la mère d'un des jeunes gens, de 12 garçons suspects (âgés d'environ 18 à 28 ans), du frère et de la belle-soeur de Joly, 1756.02.07-1756.02.10 (Document)
Informations conc. l'identification |
Ref. code: | PCrim Dt 00-4 |
Ref. code AP: | PCrim Dt 00-4 |
Title: | Informations levées par la grand bailli de Rinck et le lieutenant de Verger: dépositions de la mère d'un des jeunes gens, de 12 garçons suspects (âgés d'environ 18 à 28 ans), du frère et de la belle-soeur de Joly |
Creation date(s): | 2/7/1756 - 2/10/1756 |
Level: | Document |
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Indications sur l'étendue |
Etendue: | 20 p. |
Description support: | Main: lieutenant Henri Joseph de Verger (voir p. 1: "Coram domino Praefecto et me Locumtenente") |
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Zone du contenu et de la structure |
Content: | Catherine, femme de Georges Gueniat, a demandé conseil à la seigneurie car elle a été attaquée en justice par Pierre Joly, alors qu'elle n'a jamais rien dit contre lui, "sinon que son fils [Joseph] ayant couché une nuit avec ledit Pierra lui auroit dit le lendemain qu'il ne voudroit plus coucher avec lui pour un écu de six francs", ce qu'elle a répété à d'autres femmes du village, qui ont dit la même chose de leurs propres fils ayant couché avec Joly (p. 1).
La seigneurie a alors entamé une procédure contre Joly (p. 1) et fait comparaître les 11 garçons dont on sait qu'ils ont partagé son lit (p. 1-16) et un 12e qui n'a pas couché avec lui (p. 17).
- Joseph, fils de Georges Gueniat, 18 à 19 ans [né le 2 mai 1736, donc 19 ans]: 2 ou 3 semaines avant Noël, Joly passa chez Joseph après dîner et lui proposa de venir chez lui après souper pour soigner son pied avec de la graisse. Joseph alla donc le soir chez Joly où il y avait des garçons. Joly lui frotta le pied avec de l'eau-de-vie; la veillée étant finie, les garçons partirent, mais Joseph s'attarda car il n'avait pas encore remis son bas. Joly lui proposa de coucher chez lui. A peine au lit, Joly le toucha aux parties "honteuses" (p. 2), et Joseph sentit que celles de Joly touchaient sa cuisse, malgré sa résistance (p. 3). Il n'a pas senti d'éjaculation de Joly et dit d'abord ne pas avoir éjaculé lui-même, même si les attouchements ont duré toute la nuit, puis il reconnaît avoir éjaculé deux fois (p. 3). Il signe (signature autographe sur le document).
- Frantz, fils de Joseph Clémençon, 24 ans [né le 26 avril 1731]. Il y a environ 1 mois, des garçons disaient qu'ils ne retourneraient pas coucher chez Joly pour 3 livres. Lui-même se rendit ensuite à la soirée chez Joly, à 11h00 du soir, où il retrouva des garçons avec qui il partit (p. 3). Il ne resta chez Joly que le jeune Pierra, fils de Jean Jacques Fleury. Les autres restèrent environ une demi-heure à dire qu'il ne fallait pas laisser ce jeune avec Joly, ce qui engagea Frantz à retourner dans la maison et Fleury se sauva aussitôt que Frantz entra dans la chambre. Joly offrit un verre de vin à Frantz, qui le but et accepta son invitation à coucher chez lui. "Aussitôt ledit Joly ferma sa porte qui a une serrure à la françoise, et en prit la clef, se coucha sans donner un signe de chrétien et le sollicita de le suivre; déposant fit auparavant ses prières du soir et après s'être déshabillé entra dans le lit de Joly où aussitôt il en vint à des attouchemens au corps du déposant, qu'il refusa constament en lui disant qu'il ne soufriroit pas cela" (p. 4). Il tourna le dos à Joly et refusa de se retourner (p. 4), ni que Joly le touche de ses parties honteuses, et il s'en éloigna toujours en "se recommandant au bon Dieu" (p. 5). Joly l'incita à se laisser masturber, mais il refusa constamment, puis finit par s'endormir pour se réveiller à 6 heures du matin "qu'il se leva pour aller au logis". Il confirme son témoignage sous serment et signe, puis part après s'être fait imposer le silence (une remarque précise qu'il a convaincu ses interrogateurs de son innocence, du fait surtout "de son ingénuité naturelle", p. 5).
- Joseph, fils de Jean Jacques Fleury, 24 à 25 ans [25 ans, né le 15 avril 1731]. Environ 6 semaines auparavant, Joly l'invita à coucher chez lui. S'étant endormi (p. 5), il est réveillé par les chatouillements de Joly sur ses parties, et, bien qu'il l'ait exhorté à cesser, "il ne put empêcher que, moyennant lesdits attouchements, il n'ait senti une effusion de semence, après quoi il gronda beaucoup ledit Joly et se leva aussitôt et s'en alla au logis" (p. 6). Mais il n'a pas senti que Joly ait éjaculé et il a depuis refusé ses invitations à coucher chez lui. Il signe sa déposition. |
| - Bernard Gueniat, notaire arpenteur [âge non précisé; 25 ans: né le 21 février 1731, donc 24 ans au moment des faits]. Il y a un an, il dormit au Cheval Blanc de Porrentruy dans un lit avec Joly, qui se coucha sur lui, "ventre contre ventre et [Joly] touchat [le] déposant par la main dans les parties honteuses aussi longtems jusqu'il y eut effusion de semence des deux (p. 6) côtés (p. 7)". Joly a joui à trois reprises environ entre les cuisses de Gueniat, qui l'a aussi touché avec ses mains. Le jour de la dédicace passée, il était chez Joly à la soirée. Il a bu une bouteille avec lui et a fini par accepter de dormir là, mais est resté habillé et a repoussé les avances de Joly en le menaçant de partir, et Joly le laissa en paix. Il signe sa déposition (p. 7). [N.B.: dans son rapport du 1er mai, le procureur caractérise l'acte commis par Bernard de sodomie, il fait sans doute allusion à la masturbation volontaire accomplie par Bernard sur Joly, car sinon il n'y a rien de vraiment spécial par rapport aux autres cas.]
- Germain fils de Joseph Gueniat, 24 ans env. (p. 7) [né le 19 mars 1730, donc 26 ans et 24 ans au moment des faits]. Il y a environ 2 ans, invité par Joly, il dormit dans le même lit. Joly se coucha sur lui, le toucha de tous côtés et sur ses parties (mais sans le pénétrer) en répandant plusieurs fois sa semence dans la nuit, malgré les résistances de Germain, qui ne le laissa pas le masturber malgré les tentatives de Joly (p. 8). Il explique que cela a duré toute la nuit et qu'il "n'osoit sortir du lit par apréhension qu'il avoit dud. Joly, le croyant dans (p. 8) ce temps là un seigneur, il a souffert ses insolences toute la nuit, n'ayant osé faire de bruit puisque la belle sœur dud. Joly couchoit dans la même chambre avec ses enfans au millieu du poile ou couchoit déposant au lit avec led. Joly" (p. 9). Il signe sa déposition avec sa marque (3 traits parallèles).
- Joseph Respinguet, env. 27 ans [né le 29 juin 1729, donc 26 ans]. Il y a environ 2 mois, ayant soupé chez le curé [François Ferdinand Raspieler, curé de Courroux de 1726 à 1762, voir Vautrey, Notices historiques…, p. 187-194; frère du directeur des sels de Porrentruy] avec Pierre Joly, ce dernier le persuada d'aller dormir chez lui. Au lit, Joly l'embrassa, le persuada de se coucher sur lui (ce qu'il fit) (p. 9), et Joly le masturba jusqu'à effusion de semence de Joseph, après quoi celui-ci s'endormit. Il fut réveillé à 1 heure par Joly, qui fit plusieurs tentatives pour le sodomiser, "ce qu'il empêcha en tortillant sa chemise autour de lui et repoussant ledit Joly, qui revenoit à tous momens pour achever sa brutalité en disant au déposant qu'il devoit seulement le soufrir, qu'on ne risquoit rien par le commerce des garçons, tandis qu'avec les filles on étoit en danger de les voir grosses"(p. 10). Il signe avec sa marque, ne sachant écrire.
- Ferdinand Clémençon, env. 28 ans (marié depuis 2.5 ans). Il y a environ 3 ans, Joly demanda à coucher chez Ferdinand, qui l'accueillit 10 jours. Les 2 premières nuits, en dépit des résistances du déposant, Joly le poursuivit tant et le toucha tant que Ferdinand eut malgré lui plusieurs effusions de semence, et, de son côté, Joly a joui au moins trois fois par nuit en se frottant contre lui et en se masturbant (p. 11). La 3e nuit, Ferdinand mit un terme à ces "infamies" en menaçant Joly de le jeter par la fenêtre; Joly le laissa en paix mais continua "souvent (…) ses brutalités dans son propre corps" (p. 11). Joly lui promettait une paire de boutons d'argent s'il le laissait "achever ses actions infames qui tendoient à se (p. 11) mettre sur le corps du déposant ventre contre ventre (p. 12)" [ce que Clémençon n'a pas fait, ce qui explique peut-être la clémence de la sentence à son égard]. Il signe sa déposition. |
| - Pierra Farine, 26 ans. Revenu de service, il ne connaissait pas encore Joly, quand ce dernier lui proposa à Noël passé de lui montrer sa chambre, ce que Farine voulut remettre au lendemain, car il faisait nuit. Il y alla quand même et finit par accepter de coucher là. Joly alla chercher à boire, ferma la porte à clé, enleva la clé et se coucha. Farine éteignit la lumière, se coucha et se fit harceler par Joly au point qu'il y eut une effusion. Joly "tentoit par toute sorte de façon d'achever son crime, que le déposant empechoit autant qu'il pouvoit en se retirant contre les bords du lit, ce train ayant été recomencé par trois fois" (p. 12). Joly s'étant levé de grand matin pour mettre le feu à son fourneau, Farine "se garantit contre ses sottises en tortillant tout son corps dans le drap du lit jusqu'au tems qu'il s'en alla" (p. 12-13). "Ajoute qu'il a remonstré audit Joly de penser à Dieu en lui disant s'il ne savoit pas qu'il y avoit un Dieu et qu'il cometoit un grand crime, il répondoit qu'il n'y avoit point de mal" (p. 13). Il signe avec sa marque.
- Louis, fils d'Henry Gueniat, environ 24 ans. Le dimanche avant la dédicace, Joly l'invita à coucher avec lui et lui toucha les parties honteuses et parvint même à 2 reprises à les toucher avec ses propres parties, mais Louis s'entortilla dans la couverture et il le laissa en paix. Il n'y eut donc pas d'émission de semence de son côté, ni de celui de Joly à sa connaissance (p. 13). Le frère de Louis ayant été en service chez le baron de Reinach à Steinbrunn, il a aussi couché une fois avec Joly (p. 13); de retour au pays, il dit à Louis qu'il ne retournerait jamais dans la maison de Joly et lui enjoignit de ne pas y aller lui-même, ignorant qu'il y avait déjà été (p. 14). Il signe avec sa marque.
- Georges, fils de Frantz Beugnot, tailleur, 21 ans [né le 30 janvier 1736, donc 20 ans au moment des faits]. Dimanche il y a un mois, Georges était de nuit dans la rue avec des garçons et Joly l'a convaincu de venir dormir chez lui. Joly s'est couché sur lui ventre contre ventre et lui a mis son sexe entre les cuisses (et réciproquement), pendant l'espace d'un demi quart d'heure, et cela par deux fois. Joly a eut des effusions à chaque fois (p. 14), mais pas Georges, et Joly lui demanda pourquoi, à quoi il répondit qu'il ne pouvait pas et qu'il devait le laisser (p. 15). Interrogé par les officiers sur la cause de son absence de résistance, Georges répond qu'il n'a pas osé, ayant peur de Joly "qu'il regardoit comme un seigneur." Il confesse qu'il savait que c'était un grand crime, mais qu'il avait peur de résister (p. 15). Il signe sa déposition.
- Pierra fils de Jean Jacques Fleury, environ 18 ans [né le 24 août 1738, donc 17 ans]. Il y a environ 1 mois, étant avec des garçons dans la chambre de Joly, celui-ci lui demanda d'y coucher après le départ des autres (p. 15). Joly le serra, mit ses cuisses contre les siennes et toucha ses parties jusqu'à une effusion, malgré ses résistances (p. 16). Mais peu après, on vint dire à Pierra que son père voulait qu'il rentre au logis et il s'en alla. Il signe sa déposition (p. 16).
Les témoins ci-dessus sont renvoyés chez eux après avoir prêté le serment de se représenter devant le tribunal chaque fois qu'ils en seront requis ("de se sistendo toties quoties"), sauf les deux [Frantz Clémençon et Louis Gueniat] qui ont confirmé leur déposition sous serment après qu'on a reconnu qu'ils "n'avoient pas été complices n'y consentants aux horribles séductions de Pierre Joly" (p. 16). Signé par le lieutenant de Verger.
Suite le 10 février 1756:
- Jean Jacques, fils de Hans Henry Farine, 24 ans: ne peut rien dire contre Joly, sinon qu'il l'a invité une fois à coucher chez lui, mais qu'il n'y est pas allé (p. 17). Signe avec sa marque. |
| Suite le 11 février 1756:
Bien que les crimes de Joly sont clairement attestés, la seigneurie a encore interrogé son frère et sa belle-sœur (p. 17), qui demeuraient avec lui dans la même maison:
- Jean Joly (frère de Pierre), 40 ans. Malgré tout ce qu'on raconte sur son frère, il n'a rien remarqué de mauvais chez lui, bien qu'il ait dormi avec lui quand il revenait à Courroux, jusqu'au moment où Pierre a eu sa propre chambre (p. 18). Mais depuis son dernier retour [automne-hiver 1755], Pierre a toujours été de mauvaise humeur et, l'avant-veille de son départ, il a battu sa femme et ses enfants pour des querelles qu'il leur a faites (p. 18). Il signe de sa marque.
- Barbe, femme de Jean Joly, environ 51 ans. Bien que Joly ait couché quelquefois avec des garçons dans un lit se trouvant dans la même chambre qu'elle et ses enfants, elle peut déclarer sous serment qu'elle n'a rien vu (p. 18). Tous ce qu'elle peut dire, c'est qu'il n'avait "pas beaucoup de religion", car il a voulu qu'on lui cuise de la viande et du lard pendant tout le carême de l'année passée, sauf le vendredi et le samedi de la semaine sainte, "alléguant qu'il en avoit la dispense puisqu'il n'étoit pas fait comme les pauvres misérables de ce pais" (p. 19). Il la gourmandait quand elle disait des prières pour sa fille malade "en disant que les saints étoient des saints, et que les prêtres se moquoient encor de ceux qui leur donnoient de l'argent pour des messes", et il grondait aussi sa fille aînée quand elle allait à la messe les jours ouvrés "disant qu'on n'étoit pas obligé d'entendre messe que les jours de fête et dimanche et que les jours ouvriers étoient destinés pour le travail." De plus, il lui a envoyé l'année passée un paquet de vert-de-gris depuis Strasbourg sans qu'elle sache pourquoi (elle l'a brûlé aussitôt) et sans qu'il le réclame (p. 19). Depuis la fuite de Pierre, elle a brûlé une grande verge qui était auprès de la porte au dessus de l'escalier, laquelle verge était selon sa fille "tout encrané" [marquée de nombreuses encoches?], mais elle ignore quel était son usage. Par ailleurs, Pierre leur prenait toujours du bois, comme à leurs voisins, d'où leur dernière querelle lors de laquelle Joly l'a battue avec ses enfants (p. 20). Ne sachant écrire, elle signe de sa marque (une sorte de B). |
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Zone des conditions d'accès et d'utilisation |
Langue: | Français |
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